IoT : les clés d’un retour sur investissement
L’Internet des objets tiendra-t-il ses promesses ? Les études prospectives parient sur un développement accéléré du marché. Mais tous les doutes ne sont pas levés parmi les dirigeants d’entreprises et décideurs. Réussir sur ce marché émergent impose d’avancer pas à pas, en développant de nouveaux services et modèles économiques rentables.
Les objets connectés sont en train d’envahir notre quotidien, nos maisons, nos voitures, mais aussi nos bureaux, nos usines et nos espaces publics. Selon Gartner, leur présence devrait plus que tripler au cours des prochaines années et leur nombre devrait atteindre plus de 25 milliards en 2021. Malgré les promesses portées par cette croissance exponentielle, le marché de l’Internet des objets (IoT, Internet of Things) suscite encore beaucoup d’interrogations et de frilosité. Selon une étude réalisée pour le World Economic Forum, la sécurité et l’interopérabilité figurent en tête des préoccupations des dirigeants d’entreprise. Le manque de visibilité quant au retour sur investissement est également cité comme un frein majeur par une majorité d’entre eux, avec notamment des difficultés pour passer du PoC (Proof of Concept) à l’industrialisation.
Idéation, expérimentation et industrialisation
Pour dépasser ces obstacles, les entreprises doivent adopter une démarche globale et pragmatique. Tout l’enjeu est de valoriser les possibilités d’innovation sur le marché de l’IoT à travers de vrais projets industriels, bâtis sur un modèle économique viable, générateur de revenus et de profits, sans se laisser griser par la toute-puissance technologique. Plutôt qu’une approche « techno first », l’intégration des objets connectés doit se faire pas à pas, en s’appuyant sur le triptyque : idéation, expérimentation, industrialisation. Ou pour le dire autrement et pour reprendre une formule popularisée dans les années 2000 : « think big, start small, grow fast ».
Repousser les frontières de l’inventivité
Tout projet IoT débute par une phase d’idéation, incluant toutes les parties prenantes, nécessaire pour explorer le champ des possibles. En la matière, les perspectives sont immenses. De la maintenance prédictive au suivi des flux logistiques en temps réel, en passant par les voitures autonomes, ou encore les villes connectées, les nouveaux usages offerts par les objets connectés et les capteurs intelligents sont nombreux, et demeurent souvent encore à imaginer. Les identifier suppose de conjuguer d’emblée inventivité, pour créer de nouveaux services, et réflexion, pour construire les modèles de rentabilité économiques qui les supporteront. L’utilisateur final, qu’il soit collaborateur ou client, doit servir de guide tout au long de cette approche. Son appropriation de l’usage est un critère essentiel pour distinguer le « gadget technologique » de l’application utile et pertinente, qui répond à un besoin réel, et peut effectivement offrir un retour sur investissement. Les « montres intelligentes » en sont la parfaite illustration. Ce marché connait un taux de croissance très timide depuis quelques années et la raison principale est surtout liée à un manque de profondeur d’usage. Finalement, cette phase exploratoire d’analyse doit permettre d’identifier les nouveaux services et usages qui créeront le plus de valeur pour l’entreprise.
Le prototypage, un passage obligé
Au moment d’investir dans le marché de l’IoT, il est important de ne pas confondre vitesse et précipitation. L’écosystème de l’IoT est complexe et les solutions nombreuses, c’est pourquoi une étape d’expérimentation et de prototypage est un passage obligé pour éviter de se heurter au mur de l’industrialisation à grande échelle. Pour conduire ce processus, les stratégies de développement de type « produit minimum viable » (MVP, Minimum Viable Product), qui ont fait leurs preuves dans la réussite de nombreuses start-ups, sont particulièrement adaptées. Incrémentales et agiles, elles sont un outil idéal pour confirmer rapidement les prévisions de retour sur investissement. Dans le détail, cette phase de prototypage doit en amont valider les usages et leurs bénéfices, déterminer la faisabilité, identifier les contraintes technologiques ou opérationnelles et analyser l’impact du changement. D’où la nécessité de conduire au plus tôt ces expérimentations dans un environnement réaliste.
Coopérer pour accélérer l’industrialisation
L’industrialisation est la dernière étape d’un projet IoT avant le déploiement opérationnel. Les clés de la réussite tiennent en trois mots : évolutivité, adaptabilité et sécurité. Le besoin de perfectionner le produit ou la solution tout au long du cycle de développement, tout en maîtrisant le modèle économique, impose logiquement de mettre en œuvre une approche itérative. La voie du partenariat est, quant à elle, à privilégier pour répondre rapidement aux besoins, dès lors que la décision d’investissement est prise. La tendance est d’ailleurs à un net renforcement des collaborations entre grands groupes industriels et start-up, avec l’objectif de gagner en compétence et en vitesse d’exécution. Enfin, la sécurité des données de bout en bout, sujet de préoccupation constant dans tout projet IoT, doit être renforcée lors du passage à l’industrialisation.
Se doter de capacités analytics
N’oublions pas que les objets connectés ne sont pas une fin en soi, mais un moyen. La véritable valeur économique de l’IoT s’incarne non dans l’objet lui-même, mais dans les données qu’il permet de recueillir et d’exploiter. Les torrents de données provenant des capteurs vont alimenter la prochaine révolution industrielle. Par conséquent, si elles veulent maximiser la valeur économique associée à l’IoT, les organisations doivent se doter de compétences analytics.
Le vrai retour sur investissement des projets IoT dépendra en grande partie du choix des cas d’usages créateurs de valeur et centrés sur l’utilisateur. Le bénéfice attendu de ces usages doit être mesuré, dans un contexte réaliste, au cours d’une phase d’expérimentation. Enfin, le passage à l’échelle reposera sur une stratégie de développement itérative et une approche de partenariat favorisant l’apprentissage et la collaboration.